« On ne peut comprendre la guerre menée
contre la Palestine et les Palestiniens
sans comprendre le colonialisme européen,
sans comprendre l’impérialisme américain,
sans comprendre l’antisémitisme occidental,
sans comprendre le racisme israélien,
et sans comprendre ce que les énergies fossiles
ont permises aux occidentaux
— et ce dès 1840 avec le charbon
lorsque la marine de l’Empire Britannique
bombarde les principales villes côtières du Levant —
en termes de puissance imposée à des populations
vivant de façon soutenable sur cette terre
depuis des milliers d’années. »
NICKO ECHOES
Combien d’artistes français ont pris la parole, publiquement, pour dénoncer le génocide en cours à Gaza, en Cisjordanie, et plus généralement en Palestine ? Trop peu. Aujourd’hui, j’ajoute ma petite pierre à l’édifice, fragile, pour exprimer mon rejet d’une politique coloniale et raciste menée par les puissances occidentales.
Cette expression prend ici et maintenant la forme d’un album musical composé de 5 titres, dont 3 sont consacrés à des poètes de Palestine : Mahmoud Darwich, Refaat Alareer et Neeamat Hassan. Les bénéfices sont intégralement reversés à l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), à Médecins sans frontières, et Amnesty International.
Et qu’on ne vienne pas me traiter d’antisémite (ce qui est répréhensible par la loi) : si j’avais vécu dans les années 1940, j’aurais agi de la même façon face au génocide des Juifs. Peut-être pas avec un album de musique, mais sûrement avec un roman ou des poèmes. Pour dire l’indicible. Comme aujourd’hui à Gaza. Et je continuerai de le faire pour tous les génocides, passés, présents et futurs.
Je voudrais remercier ici les auteurs qui m’ont permis de mieux comprendre ce qui se passe en Palestine en général, et à Gaza en particulier, leurs ouvrages m’ont été précieux : Henry Laurens, Jean-Pierre Filiu, Ilan Papé, Didier Fassin, Alain Gresh, Rony Brauman, Sylvain Cipel, Omer Bartov, Meriem Laribi, Sophie Bessis, James Barr, Agnès Levallois, Enzo Traverso, Rami Abou Jamous, Refaat Alareer, Andreas Malm, Jacques Baud, Howard Zinn, Judith Butler, Kaoutar Harchi, et tant d’autres croisés au détour d’articles de presse.
Avant de juger ce travail musical, je ne peux que vous encourager à lire ou relire ces auteurs pour comprendre ce qu’on appelle faussement « le conflit israélo-palestinien ». Comme je l’ai écrit dans le 5e titre (« Désorientés ») de cet album, « Notre perte a un nom : patriarcat, racisme, colonialisme, impérialisme, sexisme, néolibéralisme, extractivisme. En somme, notre perte a ce nom : domination. Mais « domination » ne suffit pas.
Dominer ne suffit pas, il nous faut opprimer. Non plus dominer les peuples, les enfants, les femmes, les arbres, les animaux ou les vivants, mais les opprimer de façon systématique et systémique. Le génocide est ce geste ultime de la domination. Tous les génocides, passés, présents et futurs. Et lorsque nous commettons un génocide, nous disons que nous ne commettons pas de génocide.
L’espèce humaine est peut-être la seule espèce capable de ne pas accepter la réalité telle qu’elle est. Oui, la réalité nous est impossible, d’où la création d’histoires, de récits, de narratifs, de chansons, de religions, pour nous rassurer. Si la réalité nous était accessible, alors nous aurions peur. Et pire que tout : nous deviendrions fous. Oui, la folie serait cet autre nom de notre accès à la réalité. C’est peut-être ça qui nous différencie des autres espèces finalement : le déni. Et quelle meilleure arme pour lutter contre le déni que la violence ? Alors nous tuons. Et à défaut de tuer, nous empêchons l’autre de vivre. Est-ce une fatalité ? »
Clips vidéo :
1. PALESTINE (MAHMOUD DARWICH)
Mahmoud Darwich (1941-2008) était un poète et écrivain palestinien, considéré comme l’une des voix les plus marquantes de la poésie arabe contemporaine. Né dans le village d’Al-Birwah, enterré à Ramallah, il fut contraint à l’exil après la création de l’État d’Israël en 1948.
Son œuvre, profondément marquée par la douleur de l’exil, la nostalgie de la terre natale et la quête d’identité, a fait de lui un symbole de la résistance palestinienne.
Les textes qui composent ce titre sont un montage d’extraits de poèmes. Écrits entre 1972 et 1986, ils se révèlent aujourd’hui d’une affolante actualité : les crimes contre les civils, l’exil forcé, les bombardements incessants, l’irrespect des morts, l’étouffement à petit feu, la résistance légale et légitime, l’espoir de la liberté.
2. IF I MUST DIE (REFAAT ALAREER)
Paroles : Refaat Alareer, poète et professeur palestinien gazaoui tué le 6 décembre 2023 à Gaza City par l’armée israélienne.
« If I must die, you must live, to tell my story, to sell my things, to buy a piece of cloth and some strings, make it white with a long tail, so that a child, somewhere in Gaza, while looking heaven in the eye, awaiting his dad who left in a blaze — and bid no one farewell not even to his flesh not even to himself — sees the kite, my kite you made, flying up above and thinks for a moment, an angel is there, bringing back love, if I must die, let it bring hope, let it be a tale. »
3. INSTRUMENTALIZING GAZA
Un titre instrumental (guitare pickaso, piano, trompette, guitare électrique, clavier, basse, batterie), une danse palestinienne (le Dabkeh), pour illustrer et dénoncer l’instrumentalisation du génocide à Gaza par les puissances occidentales.
4. ÊTRE MAMAN À GAZA (NEEMAT HASSAN)
Paroles : adaptation d’un poème de Neeamat Hassan (Être mère à Gaza), poétesse de Gaza qui a écrit ce texte sous les bombardements le 26 octobre 2023. © Libertalia / Orient XXI – 2024.
5. DÉSORIENTÉS
Paroles : Nicko Echoes.
Désorientés nous sommes
Avons été et serons
Perdre nos Orients
Comme on perd
Nos repères
Des Orients qui
Nous ont fait
Nous ont tant donné
Nous ont orienté
Et nous en Occident
Avons-nous perdu
Notre humanité
Sommes-nous
Encore vivants
La violence faite aux peuples
Aux enfants
La violence faite aux femmes
Aux arbres
La violence faite aux animaux
À tous les vivants
Et pourquoi ?
Notre perte a un nom : patriarcat, racisme, colonialisme, impérialisme, sexisme, néolibéralisme, extractivisme. En somme, notre perte a ce nom : domination. Mais « domination » ne suffit pas.
Dominer ne suffit pas, il nous faut opprimer. Non plus dominer les peuples, les enfants, les femmes, les arbres, les animaux ou les vivants, mais les opprimer de façon systématique et systémique. Le génocide est ce geste ultime de la domination. Tous les génocides, passés, présents et futurs. Et lorsque nous commettons un génocide, nous disons que nous ne commettons pas de génocide. L’inversion des mots, des idées et des actes.
L’espèce humaine est peut-être la seule espèce capable de ne pas accepter la réalité telle qu’elle est. Oui, la réalité nous est impossible, d’où la création d’histoires, de récits, de narratifs, de chansons, de religions, pour nous rassurer.
Si la réalité nous était accessible, alors nous aurions peur. Et pire que tout : nous deviendrions fous. Oui, la folie serait cet autre nom de notre accès à la réalité. C’est peut-être ça qui nous différencie des autres espèces finalement : le déni. Et quelle meilleure arme pour lutter contre le déni que la violence ? Alors nous tuons. Et à défaut de tuer, nous empêchons l’autre de vivre. Est-ce une fatalité ?
BIO
Nicko Echoes (pseudonyme) est né à la toute fin des années 70 en France, dans les Alpes, où il habite toujours.
Après avoir publié un premier album en septembre 2023, Summertime Folks, Nicko Echoes publie son deuxième album, Palestine, en avril 2025.
Les influences musicales de Nicko Echoes sont à chercher du côté de groupes comme (dans le désordre) Dire Straits, The Doors, The Who, Pink Floyd, Simon & Garfunkel, Genesis, Crosby Still Nash & Young, Radiohead, Cocorosie, Devendra Banhart, Mumford & Sons, Perfume Genius, Low Roar, U2, Iron Maiden, AC/DC, Agnes Obel, Jeff Buckley, James Blake, Kraftwerk, Lana Del Rey, Keith Jarret, Warren Ellis, Why?, Air, Serge Gainsbourg, Jacques Brel, Noir Désir, Yann Tiersen, Jean-Louis Murat, Fauve, Pomme, Thomas Azier, Anton Dvorak, Gustav Mahler, Claudio Monteverdi, Zbigniew Preisner et tant d’autres.
En dehors de la musique, Nicko Echoes est également porté par d’autres domaines, comme la Palestine, la montagne, l’apnée, l’écriture, les voyages, la permaculture, et les questions liant l’économie, l’énergie, le climat et la biodiversité.
Nicko Echoes (pseudonym) was born in the late 1970s in France, in the Alps, where he still lives.
After releasing his first album, Summertime Folks, in September 2023, Nicko Echoes released his second album, Palestine, in April 2025.
Nicko Echoes’ musical influences can be traced to bands such as (in no particular order) Dire Straits, The Doors, The Who, Pink Floyd, Simon & Garfunkel, Genesis, Crosby Still Nash & Young, Radiohead, Cocorosie, Devendra Banhart, Mumford & Sons, Perfume Genius, Low Roar, U2, Iron Maiden, AC/DC, Agnes Obel, Jeff Buckley, James Blake, Kraftwerk, Lana Del Rey, Keith Jarrett, Warren Ellis, Why?, Air, Serge Gainsbourg, Jacques Brel, Noir Désir, Yann Tiersen, Jean-Louis Murat, Fauve, Pomme, Thomas Azier, Anton Dvorak, Gustav Mahler, Claudio Monteverdi, Zbigniew Preisner, and many others.
Outside of music, Nicko Echoes is also passionate about Palestine, mountaineering, freediving, writing, traveling, permaculture, and issues related to the economy, energy, climate, and biodiversity.




